Voileuses au large

Actualités courses

1 août 2023

Navigation dans l'Archipel des Açores au départ de la deuxième étape

LES SABLES – HORTA 40: CAP SUR L’ATLANTIQUE

« Les Sables-Horta 40 » est une course en deux étapes, dont la première est au départ des Sables d’Olonne en direction d’Horta, aux Açores, et la deuxième est au départ d’Horta vers les Sables d’Olonne. Le classement est basé sur le temps cumulé des deux étapes. A plusieurs égards, cette course représente une grosse échéance pour notre binôme: pour la première fois, nous prenons vraiment le large, en partant à plus de 50 milles des côtes. La distance à parcourir est aussi la plus grosse distance que l’on ait jamais parcourue sur ce bateau: 2500 milles nautiques aller-retour. Enfin, c’est pour nous un parfait galop d’essai pour la Transat Jacques Vabre: un parcours qui nous permet de franchir le tant redouté Golfe de Gascogne et d’affronter l’Atlantique, sur plus d’un tiers de la distance qui nous sépare des Antilles. Les Sables-Horta, c’est également notre dernière course avant la Transat Jacques Vabre!
Notre objectif? Gagner en expérience au large, finir les deux étapes sans abîmer le bateau ou les skippeuses, et terminer devant les autres équipages amateurs!

 

EMULATION SUR LE VILLAGE DE COURSE

Comme pour chaque course, les bateaux prennent place dans le port d’accueil quelques jours avant le départ. C’est toujours l’occasion de rencontrer les concurrents, d’échanger de bons conseils, et de discuter avec l’équipe organisatrice. Cette année, il y a peu de participants: nous serons 16 équipages à nous élancer vers les Açores. Nous serons les deux uniques représentantes de la gente féminine sur cette course. Nous nous apercevons sur le village de départ que ce statut nous attire la sympathie des passants et des organisateurs: « ah c’est vous l’équipage de filles? » nous disent avec admiration les vacanciers de passage aux Sables, venus faire un tour sur les pontons pour admirer les bateaux. Rapidement, nous faisons connaissance avec les trois autres équipages d’amateurs: nous savons que c’est contre eux que se jouera la course, car nous avons tous des bateaux d’ancienne génération, à l’étrave pointue. Depuis quelques année, la Class40 a pris un tournant, avec une forte évolution dans les formes de carènes: les bateaux modernes ont une étrave très ronde, qui leur permet de ne pas pénétrer dans les vagues (ce qui freine toujours les bateau), mais de les « surfer ». Tous les équipages professionnels ont des bateaux de ce type, que l’on appelle les « scow ». Dans notre cas, nous avons un bateau « pointu », qui est moins rapide, surtout aux allures portantes. Alors pour ne pas comparer des choux avec des carottes, notre objectif est de remporter la bataille des pointus! Sur le village de course, une buvette est installée pour les skippers: nous discutons donc avec les trois autres équipages de pointus: deux brésiliens venus spécialement pour cette course, un ancien ministe et un moniteur de voile, et deux amateurs éclairés ayant l’habitude du circuit Class40.

 

L’appréhension monte à mesure que les jours s’écoulent, le départ approche, et nous préparons le bateau et vérifions notre matériel. La veille du départ, nous nous apercevons que nous avons beaucoup de difficultés à mettre en place notre J2, la voile d’avant utile dans le gros temps. Elle est fixée en tête de mat par un « hook », un système robuste permettant de supporter de grosses charges. Oui, mais notre hook ne veut pas fonctionner, et nous sommes à 24h du départ: après trois allers-retour en haut du mat, Claire-Victoire a les bras en feu à force de wincher et Charlotte les jambes engourdies par le harnais, mais le hook fonctionne, ouf! Désormais, nous sommes prêtes à prendre le large!

DÉPART ET PARCOURS CÔTIER

Le 27 juin, nous quittons le ponton avec une pointe d’appréhension. Les conditions sont favorables pour le départ, moins de dix noeuds de vent, puis une journée avec du vent faible suivie d’un passage de front qui nous apportera du vent plus soutenu et qui devrait nous permettre de boucler la première étape plutôt rapidement, en moins d’une semaine.

 

Avant de nous élancer vers les Açores, nous devons effectuer un parcours côtier, entre trois bouées, sur lequel nous devons réaliser beaucoup de manoeuvres et de changements de voiles.

 

La procédure de départ est lancée à 12h54, les bateaux commencent à tournoyer autour de la ligne, à faible vitesse car le vent ne souffle pas très fort. Puis chacun se positionne pour s’élancer avec un maximum de vitesse au moment où le signal de départ est donné. Nous ne sommes pas trop mal placées mais n’avons pas assez de vitesse au moment du départ. Dans du vent faible, passer la ligne sans être « lancé » coûte cher: les concurrents bien lancés se placent devant, et les turbulences liées à l’écoulement d’air sur leurs voiles freinent notre bateau, il devient difficile de se lancer! Nous arrivons à la première bouée en même temps qu’un autre pointu, qui prend l’intérieur du virage et nous passe devant. Mais nous sommes plus rapides que lui pour établir notre Gennaker, et le redoublons. A la bouée suivante, nous choisissons d’envoyer notre spinnaker, une grosse voile ronde pour les allures portantes. Les autres pointus restent sous gennaker. La manoeuvre de changement est longue, ce qui nous fait perdre des places sur les concurrents, mais une fois notre spi établi, nous allons bien plus vite. Nous redoublons les pointus, et arrivons à la dernière bouée du parcours côtier. C’est ici que nous devons changer de voile pour repasser sous gennaker et partir en direction des Açores. Mais au moment d’affaler le spi… Malheur, la chaussette est bloquée (il s’agit d’un tissu qui permet d’étouffer la voile comme une chaussette qui descend sur le spi)! Nous tirons de toute nos forces à deux, mais rien n’y fait… Pendant ce temps, le bateau continue d’avancer à toute allure dans la mauvaise direction, alors que nos concurrents enroulent la dernière bouée tranquillement et prennent la direction de l’archipel… Nous affalons le spi sans la chaussette, en « vrac » sur le pont, une partie passe à l’eau, c’est un peu la catastrophe. Nous arrivons tant bien que mal à ranger notre spi et établir le gennaker, et nous reprenons notre route, mais nos concurrents ont pris de l’avance. Nous ne perdons pas notre détermination: nous savons qu’il faut les rattraper avant la nuit, car si l’écart se creuse ils ne seront plus dans les mêmes systèmes météorologiques que nous, et il est possible que nous ne puissions plus jamais les rattraper. Nous redoublons d’efforts sur le réglage de notre gennaker. Au bout de quelques heures, nous dépassons l’avant-dernier pointu, puis, à la tombée de la nuit, nous passons sous spinnaker et doublons les deux autres. Ca y est, la nuit tombe et nous sommes en tête des pointus! La course peut commencer! Nous sommes déjà éreintées par toutes ces manoeuvres et arrivons à la conclusion que même dans du vent faible, les départs de course sont toujours épuisants, mais tellement excitants!

PÉTOLE PUIS ARRIVÉE DU FRONT

La première nuit, les bouts ronds prennent une avance considérable sur les pointus, la flotte se divise en deux, et nous savons que nous ne les retrouverons qu’une fois arrivées au Açores. Parmi nos trois concurrents pointus, l’un d’eux se déroute vers la Corogne, sans doute en proie à des problème techniques. Nous ne sommes donc plus que trois: nous choisissons une option plutôt au nord, pour attendre le front froid qui devrait nous apporter un vent plus soutenu dans la soirée. Les autres partent plus au sud. Nous ne les voyons plus, les jours qui viennent nous permettront de savoir quelle option était la meilleure.

 

Le deuxième jour, le vent devient plus faible, il faut barrer pour aller chercher la moindre risée qui nous permettra d’avancer. Nous sommes désormais au milieu du Golfe de Gascogne et nous croisons de nombreux bateaux de pêche. Aucun d’eux ne semble émettre sa position à l’AIS, ce qui ne facilite pas l’anticollision. Nous croisons également un navire de la Marine espagnole, qui ne semble pas émettre AIS non plus… Bizearre! Finalement, nous arrivons à la conclusion que c’est plutôt notre AIS qui ne reçoit pas leurs positions, le problème vient de nous! Le soir, nous croisons Yala, l’un des deux autres bateaux pointus. il est revenu au nord, les deux options étaient donc équivalentes. Nous échangeons à la VHF et il nous confirme que notre AIS ne fonctionne pas… C’est embêtant car demain nous passerons proches du Cap Finistère, une zone où la densité de Cargos est très importante, il est important de se rendre visible en émettant notre position! Après plusieurs arrêts-marche et vérifications des branchements, nous voyons Yala apparaitre sur notre écran: l’AIS est réparé! Nous sommes rassurées pour la journée à venir. Dans la nuit, le vent forcit, ça y est, le front est arrivé! Nous accélérons et atteignons vite des vitesses que nous n’avions jamais atteintes: 14 noeuds de moyenne, avec des pointes à 20 noeuds. La mer se forme, la vie à bord devient inconfortable, mais quel plaisir d’avancer si vite! Nous traversons les rails de cargos sous spi, à toute allure. Nous demandons à un bateau de se dérouter, car sous spi, il n’est pas facile de manoeuvrer. Il accepte mais semble surpris lorsque nous lui annonçons que nous sommes un voilier, notre vitesse lui semble trop importante: « you guys are flying! » nous dit-il dans la VHF grésillante.. Effectivement, nous allons plus vite que la plupart des cargos!

ATTERRISAGE DANS L’ARCHIPEL

Lors du 5ème lever de soleil sur la course, le vent faiblit. Ce n’est pas désagréable, nous pouvons vivre plus confortablement à bord, sans prendre le risque de s’ébouillanter à chaque fois que l’on se fait un repas lyophilisé, sans manquer de renverser le seau dès que l’on fait pipi, ou sans se cogner tous les membres à chaque déplacement à l’intérieur. Et puis le vent faible signifie aussi que nous arrivons dans le fameux anticyclone des Açores, ce qui veut dire que nous approchons du but! Nous croisons un bateau de pêche, gardons les yeux fixés dessus pendant de longues minutes, en se disant avec joie que si un si petit bateau vient pêcher par ici, c’est que nous ne sommes plus si loin des premières îles. Les yeux fixés sur tribord, nous ne nous étions même pas apercues que l’imposant relief de l’ile de Sao Miguel se détachait déjà de l’horizon à babord! Quand nous apercevons ce superbe volcan, c’est l’euphorie: ça y est, nous voilà à vue de terre, tout proche de l’archipel des Açores!!! Quelques heures plus tard, nous apercevons au loin une voile qui arrive du nord. Un coup d’oeil à l’AIS: c’est Mussulo, l’équipage brésilien! Il sont quelques milles nautiques devant nous, de quoi nous donner la niaque pour les rattraper. La journée se déroule de manière idyllique: petit à petit, nous reprenons quelques milles sur nos concurrents. Nous apercevons des poissons volants (dont un qui termine son vol plané échoué lamentablement sur le pont), des dauphins, et même des globycéphales blancs: quel drôle d’animal avec son nez rond et ses manières débonnaires! Dans l’après-midi, c’est la cerise sur le gateau: nous apercevons au loin des souffles de baleines!! A mesure que nous nous approchons, nous voyons un sacré remue-ménage à la surface: des ailerons, des bouts de baleine, nous avons du mal à comprendre quelle partie de leur corps nous voyons… En tous cas, elles ont l’air d’être plusieurs et de s’agiter sous la surface! Impossible d’identifier clairement l’espèce, mais il nous semble avoir vu le nez caractéristique des cachalots.. Ce sont toujours des moments forts et un privilège indéniable de croiser ces géants des mers!

Nous bataillons toute la nuit avec les brésiliens, nous sommes désormais côte à côte, à quelques longueurs de bateau l’un de l’autre! C’est le sprint final, il nous reste quelques dizaines de milles nautiques à parcourir jusqu’à Horta. Le vent est maintenant très faible, c’est une véritable course d’escargots. Il faut contourner l’île de Pico, puis l’arrivée a lieu sur l’île de Faïal, juste derrière. Les Brésiliens choississent de contourner par le nord, nous contournons par le sud. S’en suit une longue bataille. Les positions des concurrents sont actualisées toutes les deux heures: nous sommes suspendues à notre ordinateur pour voir si les brésiliens ont repris de l’avance. L’écart est très faible, tout se jouera sur les trois derniers milles nautiques. Lorsque nous passons de l’autre côté de l’île de Pico, nous apercevons les brésiliens au loin: ils ne sont plus très loin de la ligne non plus. Oui, mais nous avons un léger courant qui nous porte, et qui va peut être nous sauver! Nous avançons péniblement à 2 noeuds, nous voyons désormais la ligne d’arrivée, toute proche, mais les quelques noeuds de vent qu’il restait tombent, et notre spi se déglonfle pitoyablement. Nous sommes « scotchées » comme on dit dans le milieu! Nous repassons donc sous Gennaker, sunommé « turbogennak » par Maxime et Pierre-Louis, car cette voile permet d’avancer même dans un vent quasi nul. Grâce au TurboGennak, nous atteignons la ligne d’arrivée avant la tombée de la nuit, alors que les brésiliens sont à quelques centaines de mètres, empétolés comme jamais. Il n’arriveront que deux heures plus tard, malgré la faible distance qui les séparait de nous: fin d’une superbe bataille avec un final dont le suspense aura duré jusqu’au bout!

ESCALE AU BOUT DU MONDE

Une fois la ligne franchie, nous entrons dans ce mythique port d’Horta, dans lequel tout navigateur au long cours a déjà fait escale. Pour nous, c’est une première. Nous avons déjà pu admirer les magnifiques reliefs et la végétation luxuriante depuis la mer, et avons désormais hâte de poser le pied sur cette île tant attendue. Sur le ponton, les skippers des scows nous réservent un bel accueil: ils sont venus nombreux pour accompagner l’équipe organisatrice à notre arrivée. Nous avons le sourire jusqu’aux oreilles: heureuses d’avoir terminé la course, heureuses d’être arrivées devant les pointus, heureuses de fouler le sol Açorien, heureuses de revoir Pierre-Louis, Maxime, et les autres concurrents, c’est l’euphorie!

 

Nous allons diner dans le bar mythique « chez Peter », dont tous les navigateurs connaissent l’enseigne. Chaque équipage raconte sa course, l’ambiance est conviviale, nous pensons avec compassion aux brésiliens encore empétolés à quelques encablures de là.

 

S’en suivent quelques jours de repos et de découverte de l’île de Faïal. Nous nous promenons dans la charmante ville pavée, sillonons les sentiers bordés d’hortensias, grimpons en haut des petits reliefs d’où le panorama est superbe: quelle belle récompense! Nous en profitons aussi pour sympathiser avec quelques navigateurs au long cours, qui reviennent d’une année de cabotage sur l’Atlantique et dont l’escale aux Açores signe la fin d’un long voyage. Chacun a des anecdotes de voyage à raconter, ils vivent au rythme des îles, se laissant le temps de flaner, de discuter de repousser au lendemain les petits bricolages qu’il doivent faire sur leurs bateaux: c’est une toute autre manière de naviguer!

DÉPART DE LA DEUXIÈME ÉTAPE

Le 8 juillet, nous sortons tous du port, c’est la fin de l’escale et le départ de la deuxième étape. Pou remporter la victoire des « pointus » au classement général, il faut impérativement que nous arrivions avant les brésiliens, car nous n’avons que deux heures d’avance sur eux sur la première étape.

 

Le vent est faible au départ, les bateaux s’élancent à petite vitesse sur la ligne, située juste devant le port. Des spectateurs gravitent autour de la flotte en bateau à moteur, et l’on entend leurs encouragements « allez les filles!! »: étant les seules filles, on sait que c’est nous qu’il encouragent, et cela fait chaud au coeur! Les premières heures de courses sont favorables pour les bouts pointus: dans le vent faible et au près, nos bateaux vont à la même vitesse que les scows. Nous restons au contact des scows, sommes bord à bord avec Amipi, Everial et Sign for Com. On pourrait quasiment se parler à la voix tellement nous sommes proches! Les deux autres pointus sont derrière, à quelques milles nautiques de nous. La course commence bien!

 

Le temps passe vite, et nous voilà déjà sur le départ, parées pour une traversée retour vers les Sables d’Olonne.

QUAND REVIENDRA LE VENT?

A la tombée de la nuit, le vent tourne et la flotte passe sous spinnaker. A cette allure, les bouts ronds sont nettement plus rapides, en quelques heures nous les perdons de vue. Nous savons que nous ne les reverrons qu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne, dans quelques jours. Le lendemain matin, les trois pointus sont bord à bord: nos deux concurrents nous ont rattrapées, nous sommes toujours en tête mais avec une très faible avance. Le vent est fort, nous sommes sous spi, et les départs au tas sont fréquents. Nous décidons de repasser sous gennaker et de faire route plus au nord, quand nos concurrents partent au sud. Nous les perdons de vue. Le lendemain matin, plus de vent! Une dorsale est venue nous barrer le passage, et elle a apporté avec elle de la pluie et une grosse chute de température. Nous n’avançons quasiment plus, les voiles battent et se dégonflent, le tout sous une pluie battante. Les bouts ronds, quand à eux, sont passés avant que la dorsale ne s’installe, et filent à 16 noeuds de moyenne, ce qui est dur pour le moral quand nous atteignons péniblement les 3 noeuds. L’écart se creuse à une vitesse considérable, et notre persévérance est rudement éprouvée. Les fichiers météo ne sont pas vraiment encourageants: la dorsale est bien installée, et ne bougera pas dans les prochains jours… Les scénarios catastrophes vont bon train, emprunts d’une pointe d’humour noir: « Nous n’en sortirons jamais, nous sommes bloquées pour toujours au milieu de l’océan! Adieu les vacances au soleil, les retrouvailles avec les copains, le repos tant attendu, nous voilà condamnées à tout jamais à être à la dérive à 1000 milles nautiques de chez nous… ». Dans ces moments difficiles, les échanges de mails avec nos proches sont d’un précieux réconfort, et nous les attendons chaque jour avec impatience. Ils égayent nos quarts et nous permettent de nous extraire du bateau l’espace de quelques minutes pour se croire dans le « vrai monde ».

 

Le lendemain matin, heureusement, le soleil pointe le bout de son nez. Cela ne nous fait pas avancer plus vite mais c’est bon pour le moral! Fini de jouer les Calimero, on profite de la pétole pour se doucher, ranger et nettoyer. Une famille de rorquals se balade a quelques dizaines de mètres du bateau, belle rencontre. Il faudra encore plus de 24h avant que le vent tant attendu ne revienne, et dans la nuit de mercredi à jeudi notre anémo affiche enfin plus de dix noeuds, Alleluia!

A FOND LES BALLONS DANS LA DÉPRESSION

Le vent est de retour, c’est chouette, mais nous n’en demandions pas tant!! Une grosse dépression est arrivée, et nous avons désormais 25-30 noeuds de vent établi. Nous avons bien réduit la toile mais malgré tout nous filons à 14 noeuds de moyenne, surfant dans les vagues à toute allure. Nous faisons même une pointe à 21,5 noeuds, vitesse que nous n’avions jusqu’alors jamais atteinte! On ne vit plus sur le bateau, on survit. Chaque geste élémentaire est compliqué: faire pipi, se changer, manger… Il est impensable de faire chauffer de l’eau, on oublie les lyophilisés et on se contente de grignoter des barres de céréales. Les gerbes d’eau s’engouffrent dans le bateau, nous sommes trempées. Il faut garder l’oeil car nous approchons du cap Finistère, il y a du traffic. Mais à chaque fois que nous sortons la tête pour scruter l’horizon, une vague nous submerge et donne la sensation de nager sous l’eau les yeux ouverts. Nous regrettons de ne pas avoir de lunettes de piscine! Nous sommes partagées entre la joie d’avancer à toute allure vers l’arrivée (ce qui est une bonne chose après les trois jours de retard que nous avons pris dans la dorsale), et l’envie de retrouver des conditions plus calmes.

 

La tête de flotte est arrivée à bon port après seulement 4 jours et demi de course, au moment où nous retrouvions du vent. Nous sommes encore loin, mais grâce à cette dépression ça ira vite! En plus, nous distançons nos adversaires à toute allure. La victoire des pointus est à portée de main, il faut désormais faire preuve de patience et d’endurance dans le gros temps!

ARRIVÉE MAGIQUE AUX SABLES D’OLONNE

Le 14 juillet, nous touchons au but. Le vent est toujours fort, 25- 30 noeuds, avec des rafales à 40 noeuds. Le bateau est très humide, ce qui est à l’origine de faux contacts au niveau de notre électronique: notre pilote automatique n’arrive plus à barrer correctement, nous sommes obligées de nous relayer, ce qui est très fatigant dans ces conditions. Nous écopons des dizaines de seaux de 10L par jour, car à chaque vague un petit filet d’eau s’inflitre dans les fonds par les haubans (cables qui maintiennent le mat). Nous avons hâte d’arriver!

 

Dans la soirée, ça y est, nous apercevons les premières lumières de la côte! Rapidement l’horizon se couvre de lumières, nous y sommes presque. Vers 23h, nous ne sommes plus très loin de l’arrivée, et nous profitons du splendide spectacle des feux d’artifice tirés tout le long de la côte pour la fête nationale. Depuis la mer, c’est magnifique!

 

Nous apprenons que l’équipage brésilien a subi une collision avec une baleine qui a provoqué une grave voie d’eau et les a contraints à abandonner. Heureusement ils sont sains et saufs, mais cet incident nous rappelle à quel point une catastrophe est vite arrivée en pleine mer…

 

A 00:04, nous franchissons la ligne d’arrivée en baie des Sables d’Olonne, en première position parmi les pointus! Nous sommes ravies, fières de cet accomplissement. Cette deuxième étape était plus éprouvante que la première, nous sommes d’autant plus heureuses d’être arrivées au bout!

 

Désormais, place à un repos bien mérité, à la fois pour le bateau et pour les skippeuses!